L’arrivée d’Uber Freight en France cette année risque fort de faire des vagues sur le marché du transport routier. Bien que l’entreprise américaine ne soit pas la seule à proposer des services similaires, l’ubérisation du secteur semble bien loin de faire l’unanimité auprès des acteurs professionnels. Certains d’entre eux se sentent menacés par cette solution que d’autres trouvent pourtant avantageuse.

Uber a bouleversé le secteur du transport

Les services Uber existent depuis une dizaine d’années. L’entreprise américaine s’est spécialisée à ses débuts dans le transport de personnes (UberCab et assimilés) avant de se diversifier dans d’autres segments, comme la livraison de repas (Uber eats). Il y a deux ans, elle s’est attaquée au marché du transport routier avec Uber Freight.

Uber et le transport de personnes

N’ayant pas trouvé de taxi à Paris un soir d’hiver, les fondateurs d’Uber, deux Américains, avaient alors imaginé un moyen qui permettrait à chacun de trouver un véhicule avec chauffeur à la demande. C’est ainsi que la plateforme Uber et son application dédiée ont été conçues puis lancées aux États-Unis en 2009.

Ces outils simplifient la mise en relation de chauffeurs privés et de personnes qui souhaitent disposer d’une voiture avec chauffeur pour des besoins ponctuels ou réguliers.

Les uns comme les autres s’inscrivent sur le site, publient leurs annonces et attendent d’être contactés par ceux qui sont intéressés par leurs offres et leurs conditions (tarifs, itinéraires, lieux de départ et d’arrivée, etc.).

Une formule qui marche

Le système Uber a rapidement conquis les Américains et s’est vite répandu à l’étranger. Uber est aujourd’hui utilisé dans de nombreux pays et de nombreuses villes du monde et rend de précieux services à des milliers de personnes dans le cadre de la mobilité citadine notamment.

L’application de VTC est d’abord destinée aux particuliers qui veulent limiter leurs frais de déplacements en voiture, que ce soit pour le travail, pour les courses diverses ou lors de leurs vacances dans un pays ou une ville où le service est accessible.

Toutefois, elle s’adresse également aux entreprises qui souhaitent mettre des voitures avec chauffeur à la disposition de leurs collaborateurs en mission dans les localités desservies par des véhicules Uber.

Quant aux prestataires, leurs activités leur servent généralement à arrondir les fins de mois.

Une solution qui divise

Malgré les avantages qu’elle offre à ses utilisateurs, l’ubérisation du transport de personnes a soulevé diverses questions quant à la légalité des services proposés par l’entreprise américaine et au régime fiscal de ses chauffeurs.

Par ailleurs, les professionnels du secteur se plaignent également de la concurrence au niveau des tarifs, tirés vers le bas par l’ubérisation. Uber est ainsi actuellement interdit au Danemark, en Hongrie, en Bulgarie et en Chine, mais aussi dans plusieurs villes de France, de Finlande, du Royaume-Uni et d’Australie. Ce qui ne l’empêche pas d’être très actif dans d’autres endroits.

L’ubérisation du transport routier de marchandises

Le transport routier de marchandises n’a pas non plus échappé à cette révolution au cours de ces dernières années.

Offrant des avantages notables aussi bien aux transporteurs qu’aux expéditeurs, ce phénomène s’est généralisé dans divers pays et même en Europe où plusieurs plateformes proposent déjà ce type de services.

Des avantages certains pour les utilisateurs

Le principe (offre de services et recherches de chauffeurs-camionneurs) et les outils (la plateforme et l’application) restent les mêmes qu’avec le transport de personnes. Ce sont seulement les acteurs qui changent.

Au lieu de chauffeurs de voitures et de passagers, il s’agit de mettre en relation des chauffeurs-camionneurs indépendants ou non, avec des expéditeurs de fret, généralement des entreprises commerciales à la recherche de transporteurs pour livrer les achats de leurs clients ou pour approvisionner leurs filiales délocalisées.

Les bénéfices sont non négligeables pour les uns comme pour les autres. Si les transporteurs ont la possibilité de trouver rapidement des cargaisons adaptées à leurs besoins, les expéditeurs pour leur part gagnent du temps en évitant les appels successifs de prestataires ou les échanges de mail fastidieux.

Dénicher des chargements ou des camionneurs en quelques clics, bénéficier de tarifs abordables et d’un suivi en temps réel du déplacement du fret, un paiement rapide… sont autant d’atouts offerts par l’ubérisation.

Les chauffeurs peuvent même profiter d’avantages calculés sur la base de la qualité de leurs services, comme des remises de prix sur les pneumatiques et le carburant, des factures d’entretien de véhicules ou même des réductions à faire valoir sur leurs forfaits de téléphonie mobile.

Différents acteurs sont déjà présents sur le marché

L’ubérisation du transport routier ne date pas d’hier. Uber avait lancé Uber Freight aux États-Unis en 2017 avant de s’implanter sur le marché européen cette année. Cette nouvelle solution a été déployée aux Pays-Bas en mars et en Allemagne en juillet. Mais d’autres acteurs existent aussi, tels que Chronotrucks, Convargo, Everoad et Fretlink.

Le principe de fonctionnement de ces plateformes et les services qu’elles proposent sont relativement similaires.

Elles s’adressent généralement aux transporteurs privés et aux petites entreprises de transport qui ont des difficultés à trouver des chargements et à faire tourner leur parc de véhicules. Elle leur donne également la possibilité de dénicher des cargaisons pour éviter les retours à vide des camions et d’optimiser ainsi les voyages.

Du côté des expéditeurs, elles répondent aux besoins des sociétés qui n’ont pas toujours les moyens de collaborer avec de grosses entreprises de TRM ou qui n’ont besoin que de services de transport ponctuels à prix modérés.

Pourquoi l’ubérisation du transport routier ne plaît-elle pas à tout le monde ?

Malgré les avantages qu’elle offre, comme pour le transport de personnes, l’ubérisation du transport routier de marchandises fait des mécontents, notamment dans le camp des transporteurs professionnels et des entreprises de TRM.

Par exemple, l’Organisation des transports routiers européens (OTRE) n’hésite pas à pointer du doigt certains aspects du service et les risques que représente cette pratique pour le secteur et à appeler à son boycott.

La tarification et la gestion de la clientèle : principaux sujets de controverse

Tout comme dans le secteur du transport de personnes, l’ubérisation du transport routier de marchandises doit son succès aux prix peu élevés des prestations. Ce qui n’est pas pour plaire à tous sauf aux clients.

L’OTRE déplore ainsi le fait que la pratique contribue à tirer les prix vers le bas de manière artificielle.

Les méthodes d’estimation des tarifs des voyages tiennent par exemple compte du concept de prix retour et de complément de chargement, un mode de calcul qui conduit souvent à une baisse drastique des tarifs.

D’autre part, l’autre danger de l’ubérisation du TRM se trouve dans les moyens mis en œuvre pour la gestion des portefeuilles clients.

D’un côté, la notation des prestations, proposée par pratiquement toutes les plateformes, constitue un moyen permettant aux prestataires d’asseoir leur notoriété sur la fiabilité et la confiance des expéditeurs. Une pratique qui s’apparente entre autres à de la publicité.

Et de l’autre côté, les plateformes se servent des informations fournies par la géolocalisation (les cargaisons sont suivies à la trace jusqu’à leur arrivée à destination) pour collecter des données destinées à sélectionner les meilleurs clients. Des expéditeurs qu’ils fidéliseront par la suite grâce à une politique tarifaire agressive, au détriment des autres transporteurs, comme ceux qui sont adhérents à l’OTRE et qui doivent respecter une tarification spécifique.

L’aspect juridique et la fiscalité

L’aspect juridique et la fiscalité des activités des plateformes sont également pointés du doigt par les professionnels du TRM. En effet, lorsqu’on se penche sur la nature des activités des plateformes, ils s’apparentent davantage à ceux des transitaires et des commissionnaires de transport, une profession incluse dans la catégorie de la maîtrise d’œuvre et qui dispose de sa propre réglementation.

Mais seuls Chronotrucks et Uber Freight semblent être enregistrés, comme tels et se sont réellement engagés à se conformer à la législation relative à leurs activités dans les pays où ils sont présents.

La situation des autres plateformes reste ainsi floue, notamment en matière des responsabilités juridiques, administratives et fiscales.

Et les conséquences de cette pratique ne concernent pas uniquement les sociétés de transport routier de marchandises. D’autres acteurs à taille humaine voient également leur métier menacé par ces plateformes.

Les fonctionnalités de ces dernières tendent en effet à supprimer tout contact humain privilégié par les entreprises qui exercent justement dans les métiers de transitaire ou de courtier en transport de fret.

L’ubérisation impacte également les chauffeurs salariés

Et parmi les autres victimes potentielles de l’ubérisation du transport routier de marchandises figurent également les chauffeurs salariés.

Il est utile de préciser ici que le secteur du TRM fait partie des premiers pourvoyeurs d’emploi au monde. Or, les plateformes visent essentiellement les chauffeurs indépendants, c’est-à-dire le particulier qui dispose de son camion et qui cherche un moyen de l’utiliser et de faire des profits.

Avec l’ubérisation qui a instauré une forte concurrence au niveau des tarifs entre les abonnés des plateformes et les entreprises de TRM, avec un net avantage pour les premiers avec leurs prix généralement bas, les salariés du secteur risquent de se retrouver en chômage technique ou au chômage tout court.

En conclusion, que pouvons-nous dire des conséquences de l’ubérisation du transport routier de marchandises ? Certes, il est arrivé avec un vent de renouveau, la modernité et la technologie, dans le secteur et son lot d’avantages pour les différents acteurs. Les transporteurs particuliers disposent d’un moyen de prospection de chargement pratique, et les expéditeurs pourront profiter de la concurrence pour minimiser leurs coûts de transport.

Mais le problème se situe surtout au niveau des entreprises du TRM. Celles qui ne seront pas en mesure de faire face à la concurrence de ces acteurs du numérique sont vouées à disparaître, notamment les petites structures.

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